tiré d'un tiroir


Au fond d’un tiroir un vent écrit vieillissait d'oubli. A le relire j'ai compris qu'il me fallait quitter ces serments somptueux de ma jeunesse et ne pas rester les deux pieds dans le même poème. La beauté procure parfois aussi des phrases sans relief. Et ce relief est lumière en soi. Alors continuer à explorer ses propres possibilités. Faire passion de ratures pour ne garder écrite que l'essence de cette lumière intime.

Écrire, c’est éclairer ses secrets d’un arc en ciel. Chercher l'éclat au bout du monde du corps, c'est à dire dans son cerveau. Entremêler les sentiments, les sensations et les lieux en synapses poétiques. Pourquoi pas, convoquer l'abyssal, le tréfonds de soi et les étoiles en monologues analogues. Sans tomber dans le grandiloquent qui d'ailleurs ne grandit jamais son auteur…

Mais il n'y a pas que la lumière et couleur. Les mots de poèmes cherchent aussi à éprouver leur propre socle : le son. Quand le slam fait de ce socle un banc sur lequel bon nombre restent assis, la poésie contemporaine doit chercher à le transformer en seuil, vers de nouveaux départs. La voix, elle, s'accorde trop souvent à soustraire aux mots l'impression d'apprivoisement de l'image. Badigeonner un texte d'une langue attrayante n'a jamais fait un poème. Pareillement poser une voix magnifique, étincelle vocale à tout le moins, sur un texte qui ne l'est pas est gaspillage bien maladroit. Nul feu ne pourra en naître.

J'ai jeté ce texte maladroit. Un peu de ma jeunesse aussi sans doute. Mais l'âge me permet désormais de brandir une nouvelle liberté créative aux contours improbables. Je ne vais tout de même pas entraver mon écriture d'un pas bredouillé!

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